Câblogrammes

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Offrande

Je navais jamais vu comme mon corps était pâle. À deux trois endroits pourtant, il y a du contraste. Les tétons dabord, vineux, craquelés, frappent limagination. En descendant, le croissant vacillant du ventre des grossesses se gausse de la pesanteur, je le caresse, comme une cicatrice de guerre. Puis vient la jungle tiède du bas-ventre aux odeurs de forêts qui jamais na vu la lumière crue et chaude du soleil. Tu mas appris à me laver entièrement nue. Un océan de nudité. La vapeur deau tiède emplissant la salle de bain calfeutrée. Dans la glace, fulguraient nos simagrées de grâce puis la beauté des gestes vulgaires, le quotidien des corps. Les bruits, les fumets, les agapes. Et maintenant je danse nue, seule et sans miroir, dans la clarté du jour. De grands gestes graves, engourdis de sommeil. Japprécie lindolence, le va-et-vient des bras, le poids du corps, laplomb des cuisses. Tout est lent et se mue en offrande.

août | 2022