Je n’avais jamais vu comme mon corps était pâle. À deux trois endroits pourtant, il y a du contraste. Les tétons d’abord, vineux, craquelés, frappent l’imagination. En descendant, le croissant vacillant du ventre des grossesses se gausse de la pesanteur, je le caresse, comme une cicatrice de guerre. Puis vient la jungle tiède du bas-ventre aux odeurs de forêts qui jamais n’a vu la lumière crue et chaude du soleil. Tu m’as appris à me laver entièrement nue. Un océan de nudité. La vapeur d’eau tiède emplissant la salle de bain calfeutrée. Dans la glace, fulguraient nos simagrées de grâce puis la beauté des gestes vulgaires, le quotidien des corps. Les bruits, les fumets, les agapes. Et maintenant je danse nue, seule et sans miroir, dans la clarté du jour. De grands gestes graves, engourdis de sommeil. J’apprécie l’indolence, le va-et-vient des bras, le poids du corps, l’aplomb des cuisses. Tout est lent et se mue en offrande.