Moi qui suis si prolixe et véloce dans l’exercice du langage au quotidien, j’ai la maladresse de l’enfant qui compose ses premières phrases. Je perds ma substance. Je me fonds tant et si bien en toi, en observatrice acharnée, que ta langue devient la mienne. J’ai le goût de ta salive en bouche. Je n’agis plus, je réagis. Si je ne retrouve pas mon chemin, j’en viendrais sans y prendre garde à formuler tes pensées, utiliser tes fétiches, câliner tes errances grammaticales, voler tes mots gros comme des maisons, ta diction singulière, tes réparties piquantes. C’est ton âme tout entière qui va m’ingurgiter.