J’ai toujours aimé le mot gratte-ciel. J’imagine un papier-peint bleu fané qu’on écorche, qu’on chatouille avec une lame d’acier, qu’on gratte avec des forceps d’obstétricien fou : une déchirure dans l’éther, un éventrement, une brèche dans la tranquillité organique du monde ; et là-haut les hommes toqués d’extase, au sommet des nues, ravissant l’infini avec leur binette de fer, esquintant l’azur comme des gosses frénétiques, sursaturés de sucre et d’orgueil, vomissant leur mégalomanie dans la poésie céleste et ne réussissant qu’à grand peine et avec fracas, à y planter quelques échardes.